Parti à 18 ans de Nevers pour étudier puis travailler, Olivier Chaumereuil est revenu au « pays », fin 2020, pour reprendre le salon VOG Coiffure, rue des Ardilliers. Un nouveau défi professionnel, dans un contexte sanitaire et économique compliqué, que ce caractère fort aborde avec détermination, et avec un autre regard, rafraîchi aux pointes, sur sa ville d’enfance.

Comme un épi rebelle, sa fibre artistique n’a pas plié. Enfant, Olivier Chaumereuil chouchoutait ses copines, se plaisait à les rendre belles. Une vocation esthétique contrariée à l’heure de l’orientation : « Mes parents m’ont fait faire d’autres études – maintenance, paysage, urbanisme. » Bon fils, le Neversois étudie à Varzy et à Objat (Corrèze) , jusqu’au BTS. Mais il ne sera jamais paysagiste.

« J’ai commencé la coiffure en Corrèze, puis je suis parti à Bordeaux, en apprentissage », explique le nouveau gérant du salon VOG Coiffure, rue des Ardilliers à Nevers, où il a donné ses premiers coups de ciseau le 1er décembre dernier. Tout sauf un hasard : « J’ai commencé chez VOG. Je suis un vrai bébé VOG », sourit-il. A Bordeaux puis Biarritz, Olivier Chaumereuil évolue dans le groupe créé par Franck François en 1979, devenu un géant de la coiffure avec les enseignes VOG et Tchip.

Après y avoir fait ses premières armes, notamment dans des « salons pilotes », le jeune manager part pour d’autres horizons capillaires, chez Carita, Dessange : « Je voulais voir un maximum de choses, rattraper mon retard car j’avais commencé tard, à 22-23 ans. » De son cursus à rebrousse-poil, il a fait une force au milieu des jeunes coiffeurs tombés dans le bac à shampooing à l’adolescence : « Mon âge m’a toujours servi, il m’a donné davantage de maturité, une certaine assurance aussi. Mes études m’ont apporté une ouverture d’esprit qui m’a donné plus d’aisance pour échanger avec les clients. »

Le « bébé VOG » avoue être devenu un autre homme chez Carita : « Un vrai changement dans ma vie, dans ma façon d’aborder le métier, les gens. Ma façon de me voir dans le miroir, aussi. J’y ai appris à travailler encore plus dans la qualité du détail, à repousser le champ du possible à l’infini. Travailler chez Carita, cela oblige à donner le meilleur de soi. »

Lui qui a toujours eu « peur de monter à Paris » a aiguisé son art et son savoir sur la tête des Bordelaises, « les femmes les plus exigeantes de France », assure-t-il. Passer de salarié à gérant est un pas de géant inaccessible pour lui, dans son Sud-Ouest d’adoption : « C’était impossible de capitaliser à Bordeaux ou à Biarritz. » L’idée de retourner à Nevers fait alors son chemin : « Je voulais revenir dans une ville à taille humaine. J’avais fui Nevers, en quelque sorte, pour vivre mes émotions artistiques. Comme elles étaient assumées désormais, je me sentais prêt à revenir. »

Le destin s’en mêle quand Olivier Chaumereuil apprend que le salon VOG Coiffure, rue des Ardilliers, est à reprendre : « Je voulais être en centre-ville. La clientèle n’est pas la même qu’en périphérie, elle cherche autre chose, une certaine qualité du détail, une ambiance plus intimiste. » Avec l’aide du service Commerce-Artisanat de la Ville de Nevers et le dispositif WIN de Nevers Agglomération, qui prend en charge ses allers-retours, il monte pour une première visite juste avant le premier confinement : « Ouvrir en pleine crise du Covid, c’est un réel challenge, il faut un grain de folie. » Il ne regrette pas son choix : « J’ai été très bien accompagné par la Ville, la Chambre des métiers et de l’artisanat. Et j’ai reçu un très bel accueil des autres commerçants, des Vitrines de Nevers et du Grand Nevers. J’ai découvert des commerçants qui se serrent les coudes, qui font des actions qu’on ne voit pas ailleurs, comme le TV Achat ou le « petit nœud vert ». Et surtout je redécouvre ma ville. J’avais connu un Nevers « insécure » dans les années 1990-2000, et je suis content du changement. »